EDGAR MORIN
Conférence introductive au Festival de la biographie de Nîmes -24 janvier 2020
Le roman donne réalité à l'imaginaire. La biographie révèle le romanesque de la réalité.
Les personnages de roman viennent en nous. Ceux des biographes ressuscitent en nous.
Toute vie est romanesque c'est-à-dire singulière, aléatoire, dont le terme est celui de la tragédie humaine.
Une biographie n'est pas que l'histoire d'une vie,
c'est la réinsertion d'une vie dans l'Histoire
et de l'Histoire dans une vie.
Une biographie n'est pas un miroir,
c'est une traduction et toute vie relève de diverses traductions.
Le biographe reconstruit, traduit une vie réelle en vie spirituelle.
Son art relève aussi de la trance mimétique qui va s'emparer du lecteur.
L'autobiographie est-elle la meilleure ou la pire des biographies ?
En chacun il y a à la fois connaissance intime de soi et mensonge à soi-même. La tentation est grande de sculpter sa propre statue.
La sincérité de Rousseau n'exclut pas erreur de mémoire et autojustification.
Nul n'est mieux ni plus mal placé que soi-même pour faire sa propre biographie.
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